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J'irai marcher par-delà les nuages
13 mai 2005

Le temps du silence...

Mon Ange. On est entré dans le temps du silence. Le premier silence. Cela arrive toujours de la même manière. Silence, absence, silence. Là, nous sommes au premier silence. C’est encore un espace habité par des échos, des ombres, mais les mots n’y trouvent pas leurs points d’appuis, ils ne se forment plus, ils ne se disent plus. Les mots se taisent, ils perdent leurs lumières, ils sont écrits à l’encre sympathique, mais il n’y plus la flamme pour les révéler, alors ils restent dans le blanc du papier, dans le blanc du cœur. Noir.

Etre dans ce premier silence, c’est être de l’autre coté de la lumière dans un royaume ombreux, épais, lent, froid. Noir.

Il est de ces soirées
Où l’on parle tout seul
Où l’on parle tout seul
A cette femme absente que l’on ne connaît plus
Mais qui un jour peut-être
Mais qui un jour jamais.

Pourtant je sais qu’après le noir, qu’après nos morts révolues il est un versant clair de la nuit. On y accède en ayant épuisé tous les mots, en se laissant porter par l’aile solitaire du silence.

On y accède par la prière mille fois répétée jusqu’à la perte la plus définitive de soi.

On y accède par un unique regard d’amour. Fragile et transparent.

Le versant clair de la nuit n’advient qu’après que toutes les larmes se soient usées dans le temple de misère. Il faut cueillir assez de perles d’absence sur chaque étoile du ciel pour que jaillisse un jour cette lumière d’après la lumière.

Cette lumière des profondeurs. L’ultime joyau. Lumière de nuit, lumière du manque à la nuit, lumière pure d’amour.

Il est de ces soirées où devant ses mains vides
On dit des mots d’amour
On dit des mots d’amour
Des mots bien trop beaux
Bien trop grands
Des mots bien trop…
On invente des mots qui se noieront demain dans l’océan glacé d’une vie bien trop molle
D’une vie bien trop seule
Elle était pourtant jeune
Elle était déjà belle.

Au bout des cascades de l’enfer, bien au-delà de tous nos souvenirs, fleurit l’élixir de joie, une pluie fine de gouttes de soleil sur l’éternité des temps.

Au versant clair de la nuit il est des fleurs secrètes, chacune d’elles contient un firmament dans lequel résonnent les rires des enfants, les berceuses des mères, les prières des saintes. Chacune d’elles est un sourire tremblant dans les reflets d’un ruisseau printanier.

Il est de ces soirées où l’on pleure dépeuplé sur le tas consumé de ses amours mort nés.
Alors on masque la détresse par des rires inventés
On masque la tristesse
Par des rêves de ciels
De ciels bien trop bleu
De ciels bien trop grands.

Mon Ange, nous y voici. Nous sommes entrés dans le temps du silence. Silence, Absence, Silence. S.A.S. Silence, Oubli, Silence. S.O.S. ti ti ti – taa taa taa- ti ti ti. Cela aussi était inscrit. Combien de mots a-t-il fallut pour en arriver là ? Au départ nous étions sur un chemin, perdus tous les deux et puis la fraternité de la route nous a rapprochés, et puis la lumière t’a reconnue, t’a enveloppée. Maintenant tu es une étoile si proche du soleil. Le ciel entier t’a désignée, le ciel entier t’a appelée. Je suis toujours sur le chemin et je lève la tête et je te vois, tu es si loin déjà, mais tu voles… Tu voles… Tu voles… C’est cela le plus important.

Franck.

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Commentaires
C
ok ! merci pour tous ces titres.... sur le tas, j'en trouverais bien un à déguster..... j'adore lire (enfin, quand j'ai le temps !...)<br /> <br /> au fait, ça continue à me renvoyer des mails non délivrés comme je t'avais envoyé la dernière fois à chaque fois que j'écris un com ici !..... ça ne le fait qu'à moi ou ça le fait à tout le monde ?!....<br /> as tu demandé d'être averti par mail à chaque fois que tu as un com sur ton blog ? et dans ce cas, as tu un avis de com. quand c'est moi qui écrit ?!..... bizarre, vous avez dit bizarre ?!.............
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F
Tu as raison Coumarine "Autoportrait au radiateur", j'avais souligné : " Ce qui fait événement, c'est ce qui est vivant, et ce qui est vivant, c'est ce qui ne se protège pas de sa perte." ou encore, "Je dors dans le noir, je me réveille dans le noir, je mange dans le noir, je lis dans le noir, je passe ma vie dans le noir et, lorsque dans ce noir je commence à écrire, je ne trouve que la lumière, partout la lumière." ou encore, "Ecrire, c'est à dire aimer en retour."...<br /> Bobin ne nous rend pas intelligent, il nous rend plus lumineux, plus vivant.<br /> Merci de tes visites indulgentes Coumarine.<br /> Bises Franck.
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F
Tu sais, Cacahuète, je suis très embarassé pour te proposer un titre de Bobin. Tout est bon. Quelques titres : " La part manquante", "La femme à venir", "l'inespérée", "la plus que vive", "Lettres d'or", "L'enchantement simple", "Mozart est la pluie", "L'épuisement" etc...Ce sont de petits livres, il faut les savourer, lire lentement, presque à voix haute et au bout d'un court instant il y a une image qui vient te cueillir, et te voilà parti pour le pays des mots vivants.<br /> Bravo, pour ton projet Cacahuète. Courage !<br /> Bises Franck
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C
Franck...j'aime aussi beaucoup Christian Bobin <br /> Le livre que je préfère, "auto portrait au radiareur"<br /> Drôle de titre pour un livre qui est une petite merveille<br /> (et j'aime tjrs autant ton écriture...)
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C
bobin ? je ne connais pas ..... :(... y'a t-il un titre en particulier qui soit à recommandé ? ça a l'air interressant au vu de ces com !.....<br /> donnez moi un titre je suis preneuse....<br /> ne te décourage pas franck... continue ainsi... tu es sur la bonne voie....
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