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J'irai marcher par-delà les nuages
18 juillet 2005

Je lui ai dis.....

Ils y a des villages où des fêtes s’organisent et d’autres où ils préfèrent les barbecues. Hier, il y avait un petit orchestre, une chanteuse et deux musiciens pour l’accompagner. C’est un petit village l’été. Qui se prépare à la fête. Ailleurs il y a des tempêtes. Des ouragans. Des famines. Ailleurs il y des amours qui se défont. Alors on fait des fêtes. Pour éviter qu’ils ne se défassent, les amours. Je lui avais dit : "

Tu comprends, j’ai vu ses premiers pas dans votre amour, et surtout j’ai vu comment un miracle arrive, comment la lumière jaillie, j’ai tenté, parfois maladroitement, de l’accompagner, mais tu sais avec seulement des mots, c’est difficile. " Mais quand on est dans l’amour on n’entend pas on est sourd. Je n’aime pas les fêtes, cette joie fabriquée dans laquelle je n’arrive pas à entrer. La chanteuse est jolie, son sourire est éclatant. Dans ce genre d’ambiance il y a toujours quelque chose qui s’effondre en moi. Sans doute le collectif. Je ne suis pas collectif. Devant la parade sociale, une part de moi s’effondre. Ce sont ma cousine et son mari qui organisent. Ils sont installés sur la place du village. Petit restaurant, bar, tabac, journaux, pêches, chasse, cadeaux. J’appelle ça le drugstore. Il fait chaud les gens sont sur la terrasse. C’est l’été. Il faut comprendre. Des pizzas, du vin rosé. Et puis l’orchestre. Je me suis installé, légèrement en retrait. J’écris sur des feuilles de papiers. Ailleurs aussi il y a des fêtes, des sociétés qui se regroupent autour d’un barbecue pour se dire qu’elles s’appartiennent. Je lui avait dit : " Oui, j’ai vu ses premiers pas de lumière, alors c’est important que je te le dise. Ce qu’il faut que je te dise c’est : protège-la. Tu vois, quand je lis son texte de ce matin, je sais qu’il faut que tu la protège. Je sais qu’elle ne va pas aimer ce que je dis, mais bon, tant pis. Protège-la. Mais attention, pas n’importe comment. Tu la connais, c’est une vraie liberté cette fille, cet ange. Il ne s’agit pas de l’empêcher de dire, de parler, d’écrire, il ne s’agit pas de la mettre sous verre, elle ne supporterait pas, il ne s’agit pas de l’empêcher de se confronter à la laideur du monde, de fréquenter les morts, de la mettre à l’abri, non rien de tout ça. " Je suis seul à ma table. J’observe les visages. J’ai toujours fait ça. Regarder les visages. A l’affût d’un éclat. La jeune serveuse s’agite dans tous les sens. Elle est belle comme un cœur, elle est dans sa jeunesse triomphante. Elle tourne, elle vire, entre les tables les bras chargés d'assiettes, de verres, on dirait qu’elle marche sur des notes de musiques. Quand elle passe, les hommes se retournent ou la suivent du regard. Sans doute à cause des lueurs qui l’entoure. Quand elle croise la table où je suis assis, elle me sourit. Normal, je suis élégant, et surtout le cousin de la patronne. Ca aide. Moi, je suis dans un temps d’absence. Je pense à ces autres fêtes, et puis aux orages, aux ouragans qu’il y a dans certaines âmes. J’aime bien quand on me sourit. Tout le monde aime ça. Je lui avais dit : " Tu comprends, tout le monde veut lui faire des enfants, avec des idées maron, avec des yeux maron. Alors il faut que tu la protèges. Je sais, elle n’a besoin de personne, elle est forte, elle sait se défendre, mais bon y’en à marre de toutes ses salissures. Y’a des jours, où y’en à marre. Tu comprends, sa peau, son ventre, son sexe, l’intérieur de son ventre c’est à elle. Et elle, elle te donne tout ça, alors c’est un peu a toi maintenant. C’est votre lumière à tous les deux. " Mais les lumières de l’amour sont fragiles. Parce qu’en fait ce ne sont pas de vraies lumières. Ce sont des tremblements de l’air. Je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi je suis dans ce retrait du monde. Seul à ma table. Dans le silence de mon écriture. Dans le vacarme d’une société qui se donne à une fête, l’été. Je n’aime pas les fêtes. Ou ce sont les fêtes qui ne m’aiment pas, c’est pareil. Les gens rient, mangent, certains se sont mis à danser. Demain ils diront : On a passé une bonne soirée. Aurélie, elle s’appelle la jeune serveuse. Elle a un amoureux Aurélie. Il l’a surveille dans un coin du bar, ils ont des clins d’œil complices, quand on est dans le triomphe de la jeunesse on a toujours un amoureux. La nature a horreur du vide. Alors Aurélie est comblée. Je lui avait dit : " Pour se défendre, elle n’a besoin de personne, parce qu’elle est forte, c’est une guerrière, elle est forte, mais fragile, comme toutes les personnes essentielles, comme toutes les personnes incroyables. Je sais que tu sais qu’elle est exceptionnelle, mais elle est fragile. Parce qu’elle rare. Alors il faut que tu la protège. Tu sais, ça sera simple et incroyablement difficile à la fois. Ca sera ton œuvre la plus compliquée, la plus dure, la plus dangereuse, la plus urgente, la plus quotidienne. Oui, cela sera compliqué, parce qu’on apprend pas cela dans nos éducations, alors il te faudra tout inventer, les mots, les gestes, les silences, les matins, les saisons, tout quoi. " Oui, c’est compliqué et terriblement difficile de se situer dans la grâce d’un air frémissant. C’est comme renaître chaque jour. C’est comme écrire. Beaucoup d’amoureux deviennent de vrais écrivains quand ils sont au début de l’incendie. Après ils rangent leurs stylos, dans le tiroir, là où ils mettent leur rêves. Ils ferment à clé, parce qu’un rêve qui vous regarderait chaque jour serait un véritable supplice. Comme l’écriture. Je lui avais dis : " Je sais que tu as toutes les qualités, et en particulier celles du cœurs, - ce sont les plus importantes -, mais il va falloir te surpasser. Parce que la protéger ce n’est pas l’empêcher, c’est l’augmenter, c’est élargir encore plus son âme, c’est embellir chacun de ses jours, c’est embrasser ses blessures, c’est parfois même les aimer, ses blessures. Pour la protéger, il te suffira de l’aimer. Tu vois, c’est simple. Et tu vois comment c’est compliqué.
Il faut que tu l’aime, que tu lui dises à chaque instant, ton amour. Il faut que tu la nourrice de ton amour, tu sais bien qu’elle ne se nourrit que de ça. Vous êtes les enfants du miracle, alors il faut que tu sois à la hauteur. Je ne dis pas ça pour te mettre la pression. Je te le dis parce que je sais que tu peux l’entendre. Tu comprends, jusqu’à présent tu as vécu dans l’inconscience du monde, aujourd’hui tu es rentré dans le feu du monde. Alors il faut que tu la protéges. Et pour cela il faut que ton amour brûle comme un soleil. Je sais c’est une image un peu banale, mais parfois j’ai du mal à trouvé les mots à la hauteur. Soleil, c’est banal, mais ça représente bien la chose. "

On oublie toujours qu’il faut augmenter l’autre. Bien sûr c’est difficile. Car il ne s’agit pas d’être dans les chairs, mais dans l’âme des chairs.

Je suis assis seul à ma table, dans le coin le plus vide de la soirée. La nature a horreur du vide. Moi je l’affectionne. On ne cultive jamais assez son vide. Résultat, quand l’autre arrive, il n’a plus de place, il ne sait pas où poser son amour. Tout est plein. Rempli. On devrait répéter cela dans tous les sermons, dans toutes les écoles : si vous voulez que quelque chose arrive cultivez votre vide, agrandissez-le, débarrassez-vous de ces morceaux d’égo trop gras, trop gros, trop riches, trop sûr d’eux-mêmes, boursouflés de pouvoir. Enlevez tout ce qui est inutile en vous ; l’autre vaux mieux que vous parce qu’il vous augmente. C’est ça augmenter l’autre, c’est se défaire de son égo. Je lui avais dit

: " Tu sais qu’elle va m’en vouloir de te dire tout ça, peut-être que toi aussi, tu ne vas pas apprécier mon intervention. Mais qu’importe. Tu dois la protéger. N’essaye pas de la saisir, laisse la plutôt aller libre dans les eaux qui l’appellent, même si ces eaux te paraissent glauques, laisse là ; mais aime-là, elle n’a besoin que de ça. Un amour brûlant, comme une éternité. " Le vide. C’est bien là, que les choses peuvent arriver, comme dans l’errance, la mère du vide, ou sa sœur. Il n’y a pas de fin, pas de début, il y a seulement un acte en déséquilibre. Juste une vacuité de l’instant. C’est ici que prennent place les prières, les holocaustes et l’insoutenable de l’amour. Juste là. Dans cet instant de perte. Je lui ai dit : " Voilà ce que je voulais te dire. Je me doute que tu n’avais pas besoin de moi pour le savoir, mais c’était aussi une occasion de faire connaissance.
Vous êtes, tous les deux, les enfants du miracle et vos enfants seront des révélations de miséricorde. De la lumière sur de la lumière. "

Je suis parti avant la fin. Bien avant. Quelque chose me brûlait à l’intérieur, encore de l’égo à détruire. Parce qu’il lui faudra une place immense. Quelque chose d’infini. Parce ce qu’elle traîne des tonnerres, des révolutions, des orages d’été, des ouragans, les mondes marchent avec elle, et les diables et les saints, et quand elle passe le ciel lui fait une révérence. Elle connaît l’histoire d’Orphée, c’est pour cela qu’elle ne se retourne plus. Je lui avais dit : " De la lumière sur de la lumière. "

Alors je brûle…

Franck

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Commentaires
S
Il n'a besoin que de ses mains musiciennes en avant de lui le volontairement sourd aux bruits du monde pour aller à la rencontre de l'ange éveillé
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A
C'est dommage parce que moi si.
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F
Moi aussi, Simone, je n'entends rien à l'anglais
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F
Je crois Angeline, que celle vers qui vont mes pensées sait.... elle sait... elle doit savoir...qui je suis, ce que je suis... ni prince, ni mendiant....j'ai simplement les mains ouvertes devant moi, simplement les mains ouvertes, pour accueillir l'Ange espèré...
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S
"nous n'aimons, d'un amour fidèle que ceux qui , morts ou vivants,présents ou absents, dans leur parole, leur silence , l'étrangeté de leur parcours , continuent à nous poser les bonnes questions, à tenir en haleine notre réflexion .<br /> <br /> Je n'entends rien à l'anglais Angéline .
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