Je ne suis pas un Prince.....
Je ne suis pas un Prince, ni un grand, ni un petit. Pourtant je suis chevalier. Mon royaume est étroit et mon âme est immense. Mon royaume est étroit c’est une longue route qui se tord et serpente entre deux infinis. Entre ces torrents d’ombres constellées de mouches écarlates, entre les saisons où le noir passe à grands flots, entre les squelettes qui ricanent. Je ne suis pas un Prince, et pourtant tu es Reine. Franck.
C’est une longue route bordée de souvenirs et qui se perd dans le ciel entre de beaux nuages. C’est une longue route qui monte vers une Etoile. C’est une longue route où un soleil vainqueur montre d’un doigt rageur, le chemin, et sa gloire.
Je ne suis pas un Prince.
Mais je suis chevalier.
Ma couronne n’est pas de cuivre, ni d’or, c’est une brassée de pétales ornée de rosée.
Mon manteau n’est pas d’hermine, c’est une seulement aurore qui s’effiloche dans la lumière des astres.
Mon sabre n’est pas d’acier, je l’ai forgé à partir d’un silence et pour le faire briller, je l’ai poli sur ma solitude amère.
Mon armure n’est pas de fer c’est ma chair mise à nue.
Mes bottes ne sont pas de cuir, de simples plumes suffisent, d’aigles ou de corbeaux, parfois celles d’un ange.
Et mon cheval galope, sous la pluie et l’orage.
Je ne suis pas un Prince et pourtant tu es Reine.
Tu traverses des mondes que des armées entières redoutent. Sur ta peau est inscrite l’histoire universelle. Dans tes yeux c’est la foudre, dans ton cœur le tonnerre, dans tes mots la lumière, et dans ton âme cette chose étrange, le bruit de l’océan qui tire ses marées pour laver sans relâche, le sang de l’indécence venu s’échouer sur nos plages l’été.
Tu traverses des mondes d’un seul de tes regards, pour qu’apparaisse un jour, à force d’user la langue, derrière les chairs vibrantes, un rayon de soleil, pour brûler les gisants, un rayon de soleil assez fort, assez droit pour incendier d’un coup le ciel, ses trous noirs et même les galaxies.
Ton âme est passerelle de l’horreur au sublime ; et chaque jour tu fais cet effroyable chemin pour sauver ce qui reste de nos tristes destins. Chaque jours, du reviens des fumures des enfers les bras chargés de chair, pour en faire des rosiers.