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J'irai marcher par-delà les nuages
3 août 2005

Toujours un peu décalé de la réalité.....

Avec elle j’ai fréquenté les églises. Avec dieu et sa famille nous nous parlons peu souvent. En fait, pas du tout. De puis l’enfance. Je n’ai jamais bien compris tous les contes autour de lui. Il existe, il n’existe pas, et les autres dieux. Et puis toujours ces mêmes histoires d’amour ; dieu nous aime, mais….Il y a toujours des " mais ", des conditions… des échanges. Il veut régler nos vies, nos lits, sans compter tous ses serviteurs zélés, qui font des morales à n’en plus finir, pendant qu’ici la terre brûle. Portant malgré cela, j’ai toujours pensé qu’une foi était possible. Je ne saurais pas l’expliquer. Sans doute est-ce un mouvement naturel de l’âme. Une foi sans vrais dieux, ou bien alors tout un cortège de divinité, sans prêtres, sans cardinaux, sans pape. Une foi qui vous pousse seulement à vous arrêter, à fermer les yeux, et à appeler un grand silence. Une foi, qui ne réclame rien, qui est seulement là pour accueillir, une foi ou l’on abandonne ses oripeaux et qui nous fait tendre les mains, avec le sentiment fort d’une humilité.
De toutes mes détestations religieuses, quelques figures surnagent. J’ai un faible pour les saints et les saintes. Enfin, ceux qu’on à arbitrairement désignés ainsi. Qui ne sont pas plus saints que d’autres. Disons pour faire simple que les mystiques, d’une façon générale, me touchent. Je n’aurais pas pu être mystique. Trop d’égo. Encore. Toujours trop d’égo. Ce n’est pas tellement le fait qu’ils soient bons, qui me touche, parce que la bonté je m’en méfie souvent, de la mienne, comme celle des autres ; non, pas la bonté, mais l’amour comme absolu. Un truc qui les incendie de l’intérieur. Qui les fait rire, pleurer, jouir, prier. Un truc qui les emporte dans la lumière. Je crois qu’à une période je devais être amoureux de St Thérèse de Lisieux. Il y a chez elle quelque chose de désarmant. Une sorte de naïveté bouleversante. Elle a vingt-quatre ans quand elle rentre dans sa passion. Isabelle lui ressemblait. La même tête ronde. Le même regard délavé par les prières et les larmes. Mais Isabelle était plus belle encore. Et puis, elle n’était pas sainte. Ce que nous faisions de nos corps emmêlés n’était pas reconnu par la sainte église et le droit canon.
Mais Isabelle, elle aurait pu être une sainte. D’ailleurs, peut-être qu’un jour elle le sera. Qui sait ? Moi cela fera longtemps que je serais damné. Quand on rentrait dans les églises ensembles, avec Isabelle, elle avait presque vingt-quatre ans. Comme Thérèse. Comme d’autres.
Thérèse a le feu dans sa poitrine. Pas sur ses seins, que personne n’a vu ou touchés. A l’intérieur. Il y a tellement d’amour que ça lui brûle les poumons. C’est une maladie de l’amour, la tuberculose. Comme ma mère qui à été soigné pour la tuberculose, alors qu’elle avait un cancer. Ma mère aussi, c’était une maladie de l’amour. Ou du désamour, c’est pareil. Thérèse, elle, elle aime jésus. C’est son époux, qu’elle dit. Il a de la chance jésus d’avoir tant d’épouses comme la petite Thérèse. Plus ça la ronge à l’intérieur, plus elle l’aime son jésus. Il faut avoir lu la passion de Thérèse. A chaque fois que je la lis les larmes me monte aux yeux. C’est impossible un amour si grand. Quelques heures avant de mourir, c’est un grand trou noir. Elle a peur. C’est terrible. Elle doute. Une seule fois elle doute. Une fraction de seconde. Et puis, non, une grande marée la submerge. Elle est à nouveau toute entière à son amour. Ses derniers mots : " Jésus, je t’aime ". Isabelle lui ressemblait. Mais ses seins je les avais touchés, embrassés, cajolés. Isabelle aimait être nue aussi. Quand elle ne priait pas. Elle aimait les caresses sur sa peau. J’ai dit ici, nos silences amoureux, nos étreintes lentes et douces comme du miel. Je n’ai pas dit nos étreintes de feu. Quand les caresses se durcissent un peu, quand les corps se cognent l’un contre l’autre, quand les soupirs deviennent halètements et les souffles courts. Quand les baisers débordent largement de la bouche et que nos langues couvrent les figures, et que nos ventres se collent fort l’un dans l’autre avec nos mains crispées dans la chair. Elle priait Isabelle, mais elle aimait l’amour aussi, l’amour fort, celui qui lui arrachait des larmes, elle aimait s’abandonner à des gestes qui la faisait rougir de honte et de plaisir. Après elle priait. Ses prières étaient toujours secrètes. C’est normal. Thérèse, elle, elle écrivait, pour qu’on sache tout son amour. Cette chose infini, qui la consumait, mais jamais elle ne parlait de ses orgasmes divins comme l’autre Thérèse, l’Espagnole.

On est entré dans l’église. Il y avait une messe. Nous nous sommes assis. Je la regardais. Elle ne voyait pas que je la regardais. Ses yeux surtout. Des yeux perdus. Grands ouverts. Avec un léger sourire. Il y avait là quelque chose qui m’échappait. J’étais presque jaloux de cet abandon. Les paroles du prêtre me parvenaient. Toujours les même discours. Elle, Isabelle, priait en silence. Et sa figure rayonnait. Il faut avoir vu. Comme si la lumière s’accrochait différemment. Comme si cette lumière n’était pas reçu, mais donnée. Qu’elle émanait de son visage. De ses yeux. Et puis, je ne sais pas ce qui c’est passé. J’ai eu un malaise. Je n’en fait jamais de malaise. Là, c’est monté progressivement, chaleur et frissons. Vertiges. Je me suis rassis sur le banc. J’ai fermé les yeux. J’ai perdu connaissance. Quelque secondes. Je me souviens après, nous sommes dans la rue, je marche lentement à coté d’elle. Elle me tient le bras. J’ai dans la tête une lumière. Une lumière douce et bleue. Je sens sa présence à coté de moi. Isabelle dans une lumière bleue. Moi, dans une lumière bleue. Il n’y a rien de divin la dedans. Sauf, quelque chose qui ressemble à de l’amour, à un abandon, a un don que je recevais. Nous sommes rentrés. Elle m’a allongé. Elle s’est allongé près de moi. Nous avons attendu que la nuit assombrisse la pièce. Sans bouger. Sans commentaire superflu. Rien que sa main sur mon cœur. Que son souffle dans mon cou.
Avec elle tout était simple, pourtant rien n’était habituel. Chaque geste avait une dimension étrange et légèrement mystérieuse. Toujours un peu décalé de la réalité.

Franck

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J'ai le coeur transpercé...
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