De sa seule tremblance.....
Et puis il y a ces amours qui se disent dans la possession. Tu es à moi. Je suis à toi. Je ne suis pas fait pour toi, tu n’es pas faite pour moi, c’est pour cela que notre amour est sans borne et sans limites, sans lien. Comment pourrais-je aimer une âme qui ne serait pas libre. Et libre de moi. Les étincelles lointaines accompagnent les ruines majestueuses des amours mortes ou oubliées dans quelques buissons qui n’avaient d’ardent que les caillots de colères suintant des yeux. Il faut dire : je ne soignerais pas tes crimes avec les miens. Nous ne rajouterons pas du noir au noir. Seulement des silences sur des arcs-en-ciel. L’offrande nous condense et nous révèle dans un mouvement d’abandon qu’est cet élan vidé de sa force cruelle et véhémente, mais chargé de sa seule tremblance. Franck.
J’ai posé sur la fenêtre les restes de ce bouquet et j’ai vu les pétales en deuil dans une lueur cassante, humide encore d’un sursaut de nuit.
Ou sous d’autres formes. Tu es faite pour moi, et moi pour toi.
La prunelle du jour est encore pleine d’effroi et ses paupières de brumes pleines de poussière.
Des mots qui veulent dire la certitude à la place de la peur, l’assurance à la place de l’offrande.
Les restes d’une extase sanglante, d’un désastre brutal.
Ne me quitte pas, parce que tu es ma vie, mon sang, mon air, donne-moi ton sein, encore et encore, ne me laisse pas dans l’appétit du lait, dans l’appétit de ta chair.
Les deuils vont en cortèges et les défunts s’abreuvent aux fontaines glaciaires expirant chaque jour un peu plus.
Un amour à la seule dimension supposée de l’autre. Un amour sans espace.
Tu es à moi. Non. Non, il faut dire : tu es à toi, immense et brûlante comme un astre.
Je suis à toi. Non, il faut dire : je suis à moi dans la plénitude de ma solitude,
dont je te fais l’offrande. Unique et innombrable.
J’effeuille les heures minérales, laissant l’emprunte de mes os dans les cratères du temps.
Il faut dire : quitte moi si c'est là ta vérité.