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J'irai marcher par-delà les nuages
23 septembre 2005

Intermède (2).........

Hier au soir je prends au hasard un bouquin dans la bibliothèque. Et je tombe sur ça. Un truc impossible. Qui vient faire une sorte d’écho à mon « intermède ».

Bon je le recopie. Même en recopiant ça fait une drôle d’impression :

« Fermez vos cœurs à la pitié ! Agissez avec brutalité !

Quatre-vingt millions d’hommes doivent obtenir justice… La raison appartient au plus fort. Soyez durs et impitoyable. Blindez-vous contre tous signe de compassion. Tous ceux qui ont médité sur l’ordre de ce monde savent que celui-ci ne trouve son sens que dans le succès de ceux qui savent le mieux utiliser la force. » Adolphe Hitler (avant l’invasion de la Pologne).

Depuis hier je relie cette phrase. Et tout le monde est d’accord, c’est abject. On lit l’auteur, et on est révulsé.

Pourtant notre monde fonctionne bien ainsi ? C’est bien ça qui se passe ?

On a beau trépigner dans notre coin, on en est bien là. Tristement là. Et le pire c’est que cette idée se cache partout, elle est rampante. Elle s’insinue en permanence dans notre quotidien. Dans nos geste individuels, dans nos pensées, dans nos rapports intimes. Ils y a bien sûr les cyniques dont je parlais hier, mais eux c’est facile on les reconnaît tout de suite. On peut s’en défendre. Sous prétexte d’un pseudo principe de réalité ils avancent partout dans nos vies. Ils se reproduisent aussi. Et leurs progénitures leur emboîtent le pas. Il y a des écoles pour les élever, HEC et consorts. Et puis il y a le plus insidieux, qui sous couvert de dénoncer, ne fait que renforcer ce discourt. Parce qu’il y a une sorte de complaisance à désigner le mal. Plus je dénonce, plus cela le fait exister.

Ces derniers jours j’ai eu l’occasion de lire de longs textes. Des textes qu’on m’a fait parvenir. Des histoires de vie. Des histoires terribles, puisque le monde est terrible. Des histoires d’enfances, de jeunesses, de violences, toutes sortes de violences, des plus banales aux plus impensable. Et le hasard a fait que je les ai lu le même jour. Et ces deux récits avaient un point commun au-delà des souffrances et des douleurs, chacun d’eux essayait de s’extraire des ténèbres. L’écriture semblait s’arracher des couches les plus sombres de la chair pour tenter d’issir à la lumière. L’écriture semblait être le lieu de la transfusion sanguine. Les deux témoignages étaient bien différents, dans la forme, dans les événements racontés, pourtant il y avait une même lumière, la même volonté d’espoir. L’écriture semblait être le chemin d’une destination solaire. Ce qui m’a le plus frapper à la lecture de ces deux vies, c’est la bonté. C’est bête comme mot : bonté. Portant c’est un des rares mots qui s’opposes à la citation du haut. La force des mots venait du fait qu’ils se dirigeaient vers le haut.

Deux textes, qui devenaient chants, danses, qui cherchaient le souffle et l’envol. Deux textes sans complaisance, durs, qui disaient chacun ce qu’ils avaient à dire, mais avec retenue. Même un mot cru, peut être dit avec retenue et pudeur. Puisqu’il est là pour dire la trace, mais pas la fin.

Le frère de la complaisance c’est le silence. L’une dans la jubilation, l’autre dans le déni. Ces deux textes étaient beaux, parce qu’il évitaient les écueils de l’un et de l’autre.

J’ai donc reçu ces mots comme une offrande. En me disant, qu’il y avait une issue au monde décrit au début. L’issue c’est le don, l’accueil, c’est l’amour.

Ces deux textes étaient en fait des textes d’amour déchirés, mais d’amour lumineux. Puisqu’au bout des mots il y avait une immense miséricorde. Celle des âmes blessées, celle des âmes ressuscitées, celles des âmes généreuses, celles des âmes qui marchent dans la lumière, pour la lumière. Une miséricorde qui dit : je me sauve, parce que vous aussi vous méritez d’être sauvé. Je me pardonne parce que vous aussi vous méritez d’être pardonnés.

Merci à toutes les deux, de m’avoir éclairé, et d’avoir répondu au triste sire du début. Votre écriture est belle parce que votre âme est belle. Ecrire, aimer c’est le même mot, c’est re-lier ce qui a été défait, humilié, bafoué, oublié, c’est tirer sur les bords de l’infini, pour faire une place à chacun. C’est prendre dans sa part la plus consternée, la plus affligée, le souffle que je dépose sur les yeux de l’autre. Et l’écriture est belle, quand elle rend digne, puisque ma dignité vaut celle de l’autre. Ni plus, ni moins.

Franck

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Commentaires
S
Par contre , ce jaune et ce rouge ouille !
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A
Ces intermèdes éclairent ta parole. C'est un éclairage de plus, qui rend la lecture plus dense. C'est beau. <br /> Alix
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R
Tout d'abord merci pour ton mail, loin d'être "rabat joie". Et puis merci pour tes textes, toujours aussi féériques...
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T
Bonne nuit Franck, merci.<br /> Douce nuit à celui qui veut penser que "L’issue c’est le don, l’accueil, c’est l’amour."<br /> <br /> Je suis retournée un peu dans la "jungle", l'incubateur où j'ai demeuré quelques mois (de Fevrier à Mai), je préfère être où je suis maintenant...
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T
Ni moins, ni plus!<br /> Chut! que c'est vrai et beau! Shukran...<br /> Heureux es-tu d'être le témoin de ces surgissements vers la lumière!<br /> et de pouvoir, ou d'oser en témoigner.<br /> <br /> Bon WE, et grande tendresse.
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