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J'irai marcher par-delà les nuages
21 septembre 2008

Une tombe dans la voix......

J’ai des tombes dans la voix. Des cercueils encore ouverts. De larges trous de terre que le temps creuse encore. J’ai des morts qui m’appellent dans les chants à venir.

 

Nous avons plusieurs mémoires. La plus lourde, n’est faite d’aucun souvenir. Elle n’est que persistance. Elle est sans douleur, puisqu’elle est la douleur même. Puisque c’est le nom de la douleur. Elle s’accroche dans le dos de nos jours, comme une bosse. Elle n’a besoin ni de souvenir, ni d’image, puisqu’elle tient toute entière dans le sang des saisons.

 

J’ai des tombes dans la voix, de grands cercueils ouverts que je n’ai pas su fermer. Et cette mémoire là, ne connaît pas l’oubli, elle est là, au revers des mots. Elle souffle. Elle pousse. Elle pèse sur les silences. Elle est l’opiniâtre patience de la mort, son sourire édenté.

 

Ecrire c’était déjà te rejoindre

 

J’ai ta tombe dans ma voix. Tu étais pourtant jeune. Tu étais déjà belle.

Tu es ma bosse, et mon chant à venir.

Tu fus mon premier poème.

Tu seras le dernier.

Notre premier baiser appuyé contre le grand mur du cimetière d’Ajaccio signait notre destin. Dans la paume de ma main j’ai les îles Sanguinaires, des stigmates de feu, des noces rouges et bleues. J’ai dans ma voix la couleur de tes yeux qui s’effarent des ces aurores que nous n’avons pas vu.

 

J’ai ta tombe dans ma voix. Une nuit qui persiste et qui porte ton nom.

Franck.

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20 septembre 2008

La tentation de Saint Antoine....

J'ai marché en marge de ma vie. De longues années. Sans doute même de longs siècles. Pour m'arrêter un jour au bord de votre visage

Et j'ai voulu m'asseoir

Et ne plus bouger

Jamais

Simplement vous regarder

Toujours

 

Au creux d'une défaillance de lumière j'ai vu au fond de vos prunelles les grandes étendues de poussières blanches du royaume de Saba

Aux confins de tous les déserts

Là où les prières deviennent de simples souffles

des chants d'azur éparpillés

Souvenez-vous, en ces temps là, vous étiez reine

Reine gracieuse à la pâleur singulière

Reine du pays du vent

Vous trôniez au centre d'un temple de sable, d'étincelles d'éternité

Souveraine majestueuse d'une citadelle de lumière et de tourbillonnement

Princesse immaculée miraculée des limbes juste assez boiteuse pour ne point offenser Dieu

Votre présence effleurante flottait légèrement comme un lambeau de rêve

Ni tout à fait ici, ni tout à fait ailleurs

Oui, vous étiez reine vos gestes le dessinait

Déesse, vos yeux le révélaient

Et votre voix chantait le chuchotis des amants éternels... »

 

En ces temps là, ermite désolé, je vous ai vu venir, vous sortiez de la nuit emmitouflée d'ombres claires, drapée d'un grand voile constellé

En ces temps là mes os grinçaient de peur

Je passais de dune en dune, de jour en jour, de blessure en blessure, conquérant d'un vide toujours à venir dans la seule espérance d'une stridence inattendue

Le cœur vert

Je passais les bras ouverts au grand vent chaud étreignant des mirages si lointains

Entre mes doigts coulaient déjà ces cendres de temps

J'étais une étoile noire tombée dans de trop grands hasards

De sombres hasards

Un baiser m'eut sauvé

Pas même un baiser

Rien

Pas même une enfance

Seulement des restes d'amours effilochés

En ces temps là votre silhouette délicate est passée sur mon cœur

A glacée mon sang

Votre parfum disait l'infini de l'espoir.

 

Alors au fond de l'horizon le soleil tout à coup bascula dans son lointain sépulcre

Souvenez-vous

J'ai vu votre beauté, légère comme un ciel d'été, glisser avec douceur vers le seuil inconsolée de ma retraite obscure, votre lumière bleue avait la transparence envoûtante de ces jeunes mamans penchées sur un sommeil d'enfance, dans vos yeux scintillait cet espace d'éternité qui appelle la joie pure d'une prière lancée au firmament.

Votre présence fut comme un souffle de mésange, un frôlement rayonnant, une pluie étincelante semée sur mon océan de langueur

Une fleur mystérieuse plantée au jardin de mes absences.

 

Nous sommes entrés sans prononcer un mot dans la chambre nuptiale de la nuit

laissant grand ouvert les cristallines portes de l'infini pour laisser passer la clarté nuageuse des songes et la fourmillante folie des séraphins éthérés.

Et j'ai bu votre bouche fondante comme l'hostie sacrée et me suis enivré d'une sève à la saveur irréprochable

Dans ces heures rougies au feu des extases éruptives, blanchies aux soupirs de vos invitations ma mort fut percée d'une flèche de lumière argentée.

Sur votre épaule nue un ange a déposé ses ailes de silence et sur vos seins opalins j'ai pu laisser couler mes larmes quand votre ventre orageux traversait mon âme transfigurée d'éclairs rougeoyants.

Vos entrailles de chairs pourpres brûlaient mes oraisons laborieuses dans une fulgurance invincible, vertigineuse. Je me noyais sous l'arche inespérée de vos émois, balayé par des rafales de joie.

 

Et j'ai vu mes mains de prières sur votre corps de louanges.

 

Et j'ai vu votre ventre lieu infini de la mort exacte.

Et j'ai eu soif de vos eaux généreuses, ce rien à l'âme qui bouleverse toutes les certitudes : marée sauvage, sans retour, sans rémission, effroyablement délicieuse

Et j'ai ouvert les mains pour recueillir jusqu'à l'ultime goutte de vos bruissements et je n'ai pu saisir que l'or de vos silences.

 

Nous avons partagé la nuit et ses gerbes étoilées recouvert d'un seul manteau de paix jusqu'à ce que l'aube de sable pousse un large soupir incandescent.

Une rose des sables, rouge.

Dans l'athanor creusé par nos corps, là où votre peau s'est irisée de désir vertical a germé une rose des sables, rouge.

 

Il ne me restait qu'à attendre l'achèvement des temps en recueillant l'écumeuse blancheur des jours indifférents et de regagner à pas lent mon impatience souveraine à nouveau consentie. Erosion lancinante sous l'œil noueux du souvenir

Frontière sablonneuse inviolable de l'exil.

 

Au départ il n'y a rien

A la fin il n'y a rien

Entre les deux la mer

L'abîme

 

Oh, mon Dieu je suis là et je cherche à comprendre

Oh, mon Dieu la nuit n'est plus la nuit

Elle était une source.....elle devint l'océan

Elle était une étoile ....elle devint l'univers

 

Oh, mon âme brûle et je suis si pauvre seigneur

Je n'ai plus d'espérance mon seul désir est de prier sans fin au cœur de la nuit du monde.

La prière s'enroule au feu de nos secrets, seul l'écho de cette nuit du monde la porte, légère, douce, tendre, on croirait la voir s'élever sur les ailes d'un ange

... Et jusqu'au royaume des cieux... »

Franck.

 

Il y a un acte de purification dans l'écriture, d'où la brûlure.

Après le tir, l'archer est comme un orphelin. Quelque chose l'a quitté. Quelque chose de lui, mais du monde aussi.

A la place un grand champ de neige et dans le lointain le cri des oies sauvages vers le nord.

14 septembre 2008

Le temps écrasé......

C’est comme l’océan dans toutes ses dimensions. Le temps se déploie non seulement dans l’infini de la houle, d’horizon en horizon, mais aussi dans l’épaisseur de ses abîmes. Le temps est long, mais profond aussi. Plus il s’égraine, plus il s’enracine.
Ecrire efface les horizons en plongeant vers l’abîme. Plus on écrit, plus on s’enfonce vers la nuit. Vers la nuit silencieuse. C’est une lente descente du signifié à l’insignifiable. Du mouvement à l’écrasement. Le temps du texte est un temps écrasé. Un temps sans durée, un temps dans l’épaisseur de la nuit.
Franck.

13 septembre 2008

La couleur du silence.......

A regarder en arrière de l'écriture je me rends compte d'une chose, c'est de l'instabilité du mouvement. Il y a les textes de surface, ceux plus médians et d'autres au ras de l'os. L'humeur de l'écriture navigue entre ses trois niveaux, ces trois élocutions. Plus on perd en lumière plus on gagne en intensité.

La peau, la chair et le sang, l'os.

 

09magdalL'évidence est dans les « Marie Madeleine » de Georges de La Tour. Trois tableaux. Pas trois essais. Trois niveaux d'écriture. Trois temps du temps. Trois temps de l'arrachement.

Je regarde. Fasciné. Avec cette émotion confuse, envahissante. Brûlante. Ce n'est plus une peinture, c'est un chant. Dans cette avancée dans le noir, dans le silence de la couleur il y a un mystère. On touche là, l'os du peintre. L'épure du mouvement.

 

Il y a une progression. Au premier tableau, Marie Madeleine se trouve au tout premier instant de sa révélation, elle a encore ses vêtements de fille de plaisir. Elle vient d'arracher ses bijoux. Elle est en marche vers l'inconnu de la foi. L'expérience intérieure.

 

Elle appelle le noir, et le peintre lui répond. Lui aussi se met à genoux pour peindre le silence. Il s'applique à cette lumière. Invente des lieux de regards qui n'existaient pas. Il invente un pays de recueillement. Il s'applique dans ce noir qui n'a rien de tragique. La lumière n'est qu'un reflet. Même la bougie disparaît. Traversée. Perforation. Envoûtement. Il s'applique à inventer la lumière de l'amour. Avec le silence qui va avec. Il nous met à distance, pour nous prévenir. Pour protéger Marie Madeleine aussi. Elle est plus nue, qu'elle ne l'a jamais été. Elle touche le dénuement de la foi. Eteindre le monde bruyant, sauvage. Eteindre la lumière des agitations vaines. Attendre. Aller au bout du désespoir. Ne plus rien espérer. User ses humeurs. Qu'il ne reste rien. Que la voix du silence. Oum Kalsoun. Déchirement du ciel. Mahler. Eteindre chaque mot de la langue, un par un.

gdelatour_madeleine_metrop_artchiveAu premier tableau, Marie Madeleine vient de faire le saut. Après elle apprend dans la douleur sacrée à consentir. C'est l'histoire du vol ébloui. La chute dans la lumière obscure. Saint Jean de la Croix. Avant il existait la peinture, Goya invente le peintre. Il lui fallait un pays à ce peintre, de La Tour l'imagine.

Il fallait un lieu de l'âme.

 

Noir, lent, lourd. Pesanteur de la grâce. Fragilité de nos destins. Désarticulation de la langue. Atteindre la coupure, l'entaille, la morsure.

Rembrandt peint la nuit, Goya aussi, mais là... Dans ce troisième tableau de de La tour, ce n'est pas la nuit, c'est autre chose. De plus profond, de plus insensé, c'est le lieu impossible de notre vie. Faire sortir la lumière de toute cette ombre, la chercher au centre obscur. La faire venir de derrière le tableau.

Voir le destin de la flamme dans ces trois tableaux c'est voir notre propre destin. D'abord double, tout en richesse et en reflet. Puis simple et droite. Enfin en manque, en chaleur, en irradiation. La lumière de de La Tour suggère sa disparition, son absence. Elle n'est jamais si présente que lorsqu'elle disparaît. Un vertige à rebours.

 

gdelatour_madeleine_ngwash_cgfa_agrandieLe chemin d de La Tour est un chemin d'écriture. De tableaux en tableaux, il n'allège pas, il développe, il accentue, il aggrave. Il rend grâce. Le noir n'est pas une absence de couleur, c'est la couleur de nos vies d'écriture. A coup de grands à-plats d'ombres il traduit le silence le plus radical. Dans le dernier tableau Marie Madeleine est à son œuvre. Elle prie, médite ou écrit, qu'importe, elle est au plus près de sa désolation et de sa joie. Elle est là, mais elle est ailleurs. La main gauche posée sue le crâne des vanités lui rappelle la fragilité des entreprises humaines. Maintenant elle ne sait que brûler. Si dans le deuxième tableau on peut encore imaginer qu'elle doute, il n'est plus question de doute au troisième. Un tel silence ne peut naître que de la certitude d'une âme franche, humble et droite.

Avec lenteur le peintre pose le noir du tableau. Lentes et profondes couches de noir. Il est dans son atelier. Il se tait. Il peint. Il n'en fini pas de redire la même chose, les mêmes couleurs, la même espérance. Silence sur silence. Il pense à Marie Madeleine. A sa solitude. Lui aussi il est arraché. Seul. C'est une montagne ce tableau. Ce noir. C'est un océan. Un ciel. Il s'applique, là plus qu'ailleurs. Ne pas succomber à l'envahissement. A la folie. Et pourtant c'est bien une folie ce tableau. Ne pas trembler. Il se souvient de sa première Marie Madeleine, il en avait peint la peau, presque la poitrine. Et puis.... Comment écrire le dénuement de l'âme ? Comment sans détruire la couleur ? Comment sans essayer de créer la plus improbable lueur ? Comment dire la fragilité et la force dans le même éclat ? Comment dire l'impossible travail du peintre. Tout enlever en gardant tout, et plus encore. Comment peindre le souffle ?

 

Et c'est un long poème de vie et de mort. Peindre la gravité c'est comme l'écrire, c'est peindre le blanc de l'os avec le rouge du sang. Et recommencer.... Et recommencer.... Et recommencer....

 

...on sait qu'il fait jour et pourtant on est encore dans la nuit. Et pourtant c'est un bonheur...

Franck.

 

012

 

 

7 septembre 2008

Arbre.....

Il y a ce rêve, sans doute veut-il me parler. Me signifier.

 

Dans ce rêve il y a un arbre. Massif. Imposant, au bout d'une plaine perdue. Inconnue. Un arbre posé dans le repli de l'horizon.

 

Je ne me souviens jamais de mes rêves. Là, il y a un arbre. Presque trop grand. Immense. C'est un rêve d'arbre. Quelque chose tire mon écorce. Quelque chose tord ma chair rigide et filandreuse. L'arbre est isolé. Seul. Paysage dépeuplé. Sauf l'arbre. Dans sa lenteur à vivre. Dans sa difficulté à dire. Dans l'étirement engourdi de sa fibre.

Hors de sa forêt l'arbre ressemble à une tragédie. Une lente lutte résolue tricotant de l'éternité dans les mailles inconstantes et inexorables des saisons. Déborder sa chair. Mourir chaque année et déborder sa chair quand même. Puissance lente, fatale, traversée de toutes les fragilités. C'est un arbre posé au loin comme un vaisseau tendant sa voilure au ciel. Large voilure de verdure argentée.

 

Je ne sais dire de quel arbre il s'agit, c'est n'est pas un chêne, peut-être un orme. Le rêve ne le dit pas. Le tronc est gros, lourd, sculpté de profonds ourlets, d'épaisses plissures, de longues blessures écaillées de temps. Bourrelets de croûtes de sève coagulées. Dans le silence de la plaine l'arbre déborde ses fractures, ses balafres, et chaque saison trace sa marque, sa morsure. Les crocs du temps se plantent dans le bois qui se donne, qui s'offre et s'épuise, ce bois qui s'appuie sur ses effondrements et qui se redresse de ses propres défaites en tirant sur ses bras décharnés, en saisissant une portion de ciel ou en accrochant ses branches à quelques nuages compatissants. C'est un rêve d'arbre. C'est donc un rêve de solitude. De patience.

Dans le rêve, il a cette plaine de nulle part et cet arbre dressé dans son silence. Et cette impression de silence dans le rêve. Et ce silence, là maintenant à l'heure de l'écriture. Comme une puissance. Comme une désolation. Quelque chose de la vie qui se survit. Quelque chose de la mort qui persévère. Une mort assidue, endurante, calme. Infatigable. Minutieuse. Et seulement la ramure dans le vent. Et seulement cet élan languissant presque immobile, engourdi par le délaissement, et cette tension sans fin. Un épanchement.
Il y a l'arbre dans ce rêve et moi qui suis comme l'arbre. Peut-être dans l'arbre. On ne sait jamais dans les rêves. Je suis l'arbre pris dans mon écorce. Et le tourment de mes branches. Comme l'arbre dans son travail d'arbre, à chaque temps du temps, grandir, à chaque cadence, déborder un peu plus. S'étirer au plus bas, au plus profond, pour monter au plus haut, au plus large. Comme la folie d'une chimère déraisonnable. Folie que ce vouloir sourd et douloureux d'aller prendre le silence de la terre, et à force d'épuisement, et à force de débordement, en faire le chant du vent. Rêve. Extravagance. Égarement. Désossement des terres noires avec lenteur et constance, à travers chaque saison. Même les plus froides, même les plus chaudes, même celles que l'on oublie. De siècle en siècle. L'arbre solitaire est comme la nuit, il n'a pas de lieu, seulement l'éternité comme un danger. Il est un dieu déchu condamné au murmure et à la prière. Il est un dieu déchu qui défie encore les cieux, et la foudre. Et la foudre.
A chaque strie, un chapelet tremblant.
A chaque strie l'incision des jours.
A chaque strie l'arbre dans sa croissance s'éloigne de lui et fabrique l'ombre qui l'emportera.
Et chaque feuille est comme le déploiement d'un mot.
Et chaque feuille récite la vie de l'arbre depuis son début, depuis le premier humus, et
chaque feuille dans son vacarme de verdure prépare le long silence de l'hiver.
Et chaque feuille est comme un poème qui expire dans le vent. Lente symphonie du dépouillement et de la croissance. Lente symphonie de l'écriture qui se déploie sur chaque strie du temps comme un cœur qui bat, comme une stridence au centre des fibres ligneuses.

 

Il y a ce rêve, sans doute veut-il me parler. Me signifier.

 

Il y a l'arbre dans ce rêve et moi qui suis comme l'arbre. Un rêve de la permanence et du précaire, de l'éternité dans l'éphémère. Un rêve de lenteur, de pesanteur. Comme une puissance. Comme une désolation. Et chaque mot serré dans l'écorce craquelée, venu d'une sève lente. Si lente. Macération lente d'amour. De débordement des chairs du bois, dans cet étirement vertical. Le gras de la terre noire plein les cuisses et le sexe, et les bras nus tendus vers un baiser insensé. Amarre tenace et solide où s'ancrent les cieux.
Il y a dans chaque arbre solitaire quelque chose de l'amour qui se dit. Quelque chose du vertical et du lent. Comme une cathédrale. Comme un navire. L'arbre solitaire est toujours un arbre amoureux, toujours. C'est un prophète qui scrute le silence pour s'en faire de l'écorce.
Là, dans sa plaine sans nom, il dompte l'éternel, et invoque ce viendra bien après l’éternel.
Dans le rêve il y a l'arbre solitaire, droit, dans sa résistance, dans sa paix, dans sa présence pure, comme une grâce.

 

Chaque arbre dans son mûrissement d'écorce fabrique les saisons. Sa tension vers le ciel cherche une éternité, c'est pour cela que nous y gravons nos cœurs enlacés, pour inscrire nos âmes amoureuses dans la vie du temps.
De la terre, aux constellations.
Car les arbres parlent aux étoiles, les oiseaux et le vent ne s'y trompent pas. Chaque arbre est une passerelle pour les cieux, le plus court chemin vers l'infini.
Et lorsque nous posons notre main sur leurs troncs, dans l'échange des sangs, c'est la vie incorruptible que nous cherchons, c'est l'évidence d'une révélation. C'est l'instant brutal multiplié jusqu'à la fin des temps.
Les arbres ne meurent pas, c'est ce qu'ils nous apprennent lorsque nos lèvres se posent sur les oreilles de leur écorce. Un et innombrable. Comme une présence irréductible. Seule la foudre les fait faillir, ou la hache.
Les arbres sont faits d'attente patiente et de solitude déployée en saison, ils sont le chant des siècles et le reposoir des dieux.

Ecrire c'est faire de l'arbre. C'est mûrir sous l'écorce de la parole, la saison à venir. C'est faire du temps, dont les mots sont les graines. Ecrire, c'est faire de l'arbre, c'est réunir la terre et le ciel, en dépliant chaque mot avec la persévérance du bois, c'est étendre le texte en tronc, en branches, en ramures, et jusqu'aux feuilles, et jusqu'aux fleurs, et c'est tendre ses fruits en offrande.
Franck.

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