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J'irai marcher par-delà les nuages
2 juin 2017

- 54 - La parole charrie deux fleuves...

La parole charrie deux fleuves. Deux voix. Il y a toujours deux langues dans la voix du texte.
J’écris à l’intérieur de l’écorce. En deçà de ma peau. Sur les parchemins des viscères. J’écris dans un étouffement progressif. À l’intérieur. Pas à pas, je remonte la spirale du coquillage de ma langue.
Au départ, la bouche était béante, grande ouverte sur l’océan. Puis je suis parti vers le centre, vers le rare, vers le peu, vers l’intérieur. Des tours de plus en plus courts dans la spirale des mots. Avec de moins en moins de place. La mer est loin, le ciel est loin, l’air manque. Chaque mot devient de plus en plus difficile à atteindre. Ma langue râpe, s’écorche. Ma parole s’épuise à racler les parois du texte. C’est un tunnel qui se rétrécit à chaque tour. Un resserrement. Lent. Un étouffement. Lent. Mon endroit d’écriture n’a plus d’espace. Comme une pénétrante agonie qui rafle les dernières mises oubliées sur la table du « je ».
C’est un cheminement vain. Il n’y a rien au bout de la route. Le centre reste un lieu vide. Nulle présence. Au bout de la spirale, il n’y a rien. Seul persiste un point d’écrasement.
Ce point se nomme la disgrâce. Il est sans épaisseur. Sa masse est infinie. Il est le lieu de l’attente.
La parole charrie deux fleuves. Deux voix. Il y a toujours deux langues dans la voix du texte. Celle qui pousse. Celle qui tire. Alors chaque mot pèse le poids de son contraire. Alors le chant s’élève du lieu où les forces s’annulent. Alors le chant s’élève de l’instant immobile. Absolu, irrévocable. Solitaire.

Franck.

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